Ce programme d’actions sur le terrain a fait la preuve de son efficacité depuis plus de 30 ans.
Dès le début des années 1990, les médecins voyaient des patients de plus en plus jeunes arriver dans leur cabinet, souffrant de complication graves telles que le diabète ou des pathologies cardiovasculaires. Face à cette constatation, deux d’entre eux, le Professeur Pierre Fossati et le diabétologue Jean-Michel Borys ont compris qu’il fallait faire de la prévention si l’on voulait enrayer ce phénomène. Ainsi, Ils ont décidé de mettre en place une étude de terrain pour en appréhender les leviers.
En 1991, ces 2 villes ont été volontaires pour tester un dispositif d’accompagnement de la population. L’objectif était d’étudier si la mise en place d’un dispositif global pouvait enrayer l’évolution de l’obésité infantile. L’idée originale était de travailler sur l’environnement des enfants en mettant toute la population à contribution. Le plan d’action avait pour but :
Ce dispositif a donné lieu à une étude très innovante, car elle était réalisée en vie réelle dans un contexte pas totalement contrôlé, ce qui complique les études. L’autre aspect très novateur est la focalisation sur l’environnement des enfants à l’échelle de la ville, des élus aux parents en passant par l’école, les commerçants, etc.
Les résultats ont été si intéressants, que très rapidement, il a été décidé de concevoir un programme pour permettre à d’autres villes de profiter des enseignements de cette étude. Ainsi, le programme Epode puis Vivons en Forme est né.
L’originalité de ce programme est multiple et c’est ce qui assure son efficacité et sa longévité.
On n’apprend pas à jouer d’un instrument de musique en suivant simplement des conseils. Il faut pratiquer encore et encore. Pour changer de comportements, c’est la même chose, il faut essayer, recommencer et avancer pas à pas. Car il existe beaucoup de contraintes qui peuvent faire reculer. On ne devient pas musicien du jour au lendemain.
Les villes qui s’engagent dans le programme sont volontaires. Cela veut dire que le maire et les équipes municipales sont convaincus que la ville peut jouer un rôle dans l’accompagnement de la population vers un style de vie favorable à la santé. Pour cela, ils doivent aussi accepter de s’engager dans un processus qui prend du temps.
VIF a été créée une antenne sur l’île de la Réunion pour mieux comprendre les enjeux spécifiques de sa population. Et ainsi, mieux répondre aux besoins des villes partenaires et de leurs habitants.
Une équipe nationale qui s’appuie sur un conseil d’administration et un groupe de mécènes, travaille en étroite collaboration avec les villes partenaires au travers d’un binôme composé d’un élu et d’un chef projet. Le rôle du chef projet est clef, car il va mobiliser les différents acteurs de la ville pour mettre en place et faire vivre le programme. En effet, la transversalité est indispensable à la réussite du programme.
La méthode est elle aussi originale. Elle s’appuie sur les sciences comportementales pour concevoir des actions efficaces directement avec les populations concernées. Les chefs projets, mais aussi les personnes qui doivent animer le programme localement sont formés par VIF. Des outils déjà existant sont mis à disposition ou bien créés spécifiquement pour les actions menées par une ville.
En effet, VIF réalise un audit à l’entrée de chaque ville dans le programme. Il permet de concevoir un programme spécifique en concertation avec la ville en fonction de ce qui existe déjà et des objectifs de l’équipe municipale. Ainsi, chaque plan d’actions est spécifique car chaque ville est différente.
Travailler directement avec les personnes qui sont ciblées par les actions est clef. En effet, les personnes font ce qu’elles font pour de très bonnes raisons. Il faut comprendre ces raisons qui sont souvent des contraintes. Puis, construire avec les personnes elles-mêmes le chemin qui leur permettra d’orienter leur mode de vie vers des comportements plus favorables à la santé.
Depuis 1991, les résultats du programme ont fait l’objet de toute une série de publications scientifiques. J’ai synthétisé ici les 2 dernières publiées en 2020.
Dans ce premier exemple, des enfants ont été pesés et mesurés dans 4 villes différentes. Un premier groupe était constitué d’enfants en classe de CP et un second d’enfants en classe de CM2. Les enfants qui étaient en CP en 2011, se retrouvaient pour la plupart en CM2 en 2015. Ainsi, en 2011, 20% des enfants étaient en surpoids ou obèses en CP, ces mêmes enfants n’étaient plus que 16% à l’être, 4 ans après en CM2. D’une manière générale, 50% des enfants qui étaient en surpoids ou obèses en 2011 ont amélioré leur statut pondéral sur cette période.
Cette seconde étude montre les résultats d’un suivi entre 2008 et 2015. Des enfants en dernière année de maternelle et en dernière année de primaire (CM2) ont été mesurés et pesés dans 6 villes cette fois-ci. Une diminution de 28% en 7 ans de la prévalence du surpoids et de l’obésité est observée chez les enfants en grande section de maternelle. Cette diminution est de 19% sur la même période chez les enfants en CM2.
Ces 6 villes partenaires de VIF présentent ces résultats spectaculaires quand, dans le même temps, les niveaux de surpoids et d’obésité augmentaient au niveau national. Ils étaient de 18,1 chez les enfants de CM2 en 2015.
Mais finalement, le surpoids et l’obésité ne sont que la face émergée de l’iceberg. En effet, ce n’est pas parce qu’on a un poids normal que l’on a un mode de vie favorable pour la santé. Mais le poids, cela se voit ! Aussi, pour sa prochaine étude, VIF a décidé d’aller plus loin et d’étudier l’évolution des modes de vie (alimentation, sédentarité et sommeil) d’enfants dans les ville VIF. Rendez-vous dès que les résultats seront publiés !
Pour en savoir plus sur le programme VIF, voici le lien vers leur site : https://vivonsenforme.org
Sources :