Au-delà de la pyramide alimentaire, il faut apprendre à nos enfants « à faire à manger » !
Il semble il y avoir un consensus pour dire que l’éducation alimentaire est indispensable dès l’enfance. C’est durant cette période que les goûts se construisent, ainsi que le répertoire alimentaire. Bien sûr, ces dimensions vont évoluer au cours de la vie. Mais cette construction durant l’enfance semble très structurante.
Il semble que nous ne parlons pas tous de la même chose, nous en avons des compréhensions différentes selon nos sensibilités professionnelles. Il existe différents niveaux dans l’éducation alimentaire :
Quand on évoque l’école, ce sont les cours en classe qui viennent à l’esprit avec la manière dont l’éducation nationale va traiter cette question. Mais c’est oublier que l’école est aussi un lieu où d’autres acteurs s’occupent des enfants en dehors de la classe. Les instituteurs ne peuvent pas être sur tous les fronts.
En France, la cantine scolaire joue déjà un rôle éducatif important en apprenant à nos enfants à manger ensemble à la même heure des plats qu’ils partagent. Même dans le cas de self-services, les enfants découvrent des aliments et des plats qu’ils ne mangent pas chez eux. Ceci est très différent de ce qui se passe dans d’autres pays où les enfants emmènent une lunch box à l’école et y reproduisent le même modèle alimentaire qu’à la maison. Ainsi, notre modèle français apporte une diversité alimentaire importante à nos enfants, ainsi que des notions d’équilibre.
La restauration scolaire joue déjà un rôle important dans cette éducation, mais elle pourrait aller beaucoup plus loin. Comme permettre aux enfants de connaître et reconnaître les aliments qui sont mis en œuvre dans les plats qui leur sont servis.
Une étude, Educ’Alim a montré que les enfants consommaient beaucoup plus volontiers un légume qu’ils avaient appris à connaître. Cette connaissance peut revêtir différentes formes, l’histoire d’un aliment ou d’un plat, sa géographie, l’observation de sa culture ou bien en apprenant à le cuisiner en participant à des ateliers de cuisine, etc. Dans cette étude la consommation de choux de Bruxelles et d’endives a été mesurée dans des écoles pilotes où il y avait tout un parcours éducatif allant de cours en classe à la préparation de recettes simples en passant pour la gestion de petits carrés potagers dans l’enceinte de l’école, etc. Ensuite, la consommation de ces légumes à la cantine était comparée à celle observée dans des écoles témoins qui ne suivait pas ce programme pédagogique. La différence était énorme :
Familiariser les enfants avec les fruits et légumes augmente leurs consommations, nous venons de le voir. De nombreuses études et initiatives le montrent, cela fonctionne. Maintenant, il est important que cette approche perdure dans le temps et soit reproduite pour les fruits, légumes et légumineuses les moins consommés ou les moins connus. Mais, c’est un travail de longue haleine qui doit s’inscrire dans le temps. C’est là que le temps périscolaire pourrait être utilisé pour approfondir et consolider ce qui est initié à la cantine et en classe.
Apprendre à connaître les aliments c’est indispensable, mais pas suffisant pour augmenter leur consommation et construire des habitudes durables. On intègre bien que ce que l’on a expérimenté. C’est pour cela que l’éducation sensorielle est importante, car elle permet d’expérimenter et de s’approprier un aliment voire de découvrir qu’un aliment que l’on pensait détester peut devenir agréable préparé autrement ou mélangé avec d’autres.
Une autre manière d’expérimenter est de faire des préparations culinaires. Il est tout à fait possible d’apprendre à des enfants même très jeunes de faire des préparations simples qui peuvent augmenter en complexité avec l’âge. Même en maternelle, les enfants peuvent mélanger, malaxer, écraser etc.
Cette éducation culinaire a l’avantage d’offrir une nouvelle expérience qui est une occasion de connaître autrement un aliment. Là encore, on sait que c’est très efficace pour augmenter la consommation de fruits et légumes chez les enfants. De plus, les compétences culinaires acquises durant l’enfance de manière ludique, construisent un répertoire de techniques qui pourra être mis en pratique à l’adolescence et plus tard. Il ne faut pas rater cette période et utiliser la curiosité naturelle des enfants à cet âge, à l'adolescence, cela devient plus difficile.
Il est très important d’utiliser les temps scolaires et périscolaires pour donner des compétences alimentaires aux enfants. Mais la plus grande partie de l’éducation alimentaire se passe dans la famille où le bébé va apprendre, petit à petit, à manger les mêmes aliments que ses parents et plus largement que sa famille. Ce qui se passe à l’école doit avoir un écho à la maison pour ancrer les nouvelles connaissances et les transformer en compétences.
L’étude Educ’Alim a montré que c’était possible. Les enfants demandaient de refaire à la maison les recettes apprises et testées à l’école. Il ne faut pas négliger cette partie même si c’est une des plus difficiles.
Si un enfant peut apprendre à reconnaître des aliments, à les cuisiner et à les apprécier, ce n’est pas suffisant pour qu'il devienne un consommateur éclairé capable de mettre en place une alimentation variée et équilibrée. Il faut aussi apprendre à gérer, planifier etc. Ainsi, l’autonomie en alimentation demande aussi de savoir :
La littératie alimentaire est l’ensemble de ces compétences qui permettent de faire des choix éclairés et d’avoir des modes de vie plus favorables à la santé. Toutes ces compétences étaient traditionnellement apprises dans le cadre de la famille essentiellement par les filles. En effet, ces dernières mettaient ces apprentissages en pratique en aidant leur mère dans les tâches quotidiennes dont l’alimentation fait partie.
Notre vie moderne a fait plus ou moins disparaître cette voie de transmission, pour différentes raisons. Et l’un des enjeux aujourd’hui est que les petits garçons soient formés au mettre titre que les petites filles. Et là encore, l’école a un rôle fondamental à jouer !
Sources