Educ’Alim en a fait la preuve scientifiquement
Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale m’a demandé de créer un cycle de webinaire sur l’alimentation. J’ai organisé de nombreux webinaires dont les thématiques et contenus peuvent intéresser un large public.
A la fin de cet article, vous trouverez un lien pour visionner l’enregistrement du webiniaire où Mohamed Merdji nous décrit cette aventure inédite qu’il a pilotée.
Cette étude a démarré en 2011 sous la direction de Mohamed Merdji, sociologue à Audencia à Nantes. L’objectif était de travailler avec des enfants en école primaire du CE2 au CM2 en intégrant l’éducation alimentaire dans le programme scolaire. Mais, l’originalité de cette étude a été de leur proposer aussi des expériences concrètes comme le port de podomètre ou bien des cours de cuisine, ainsi que de participer à la gestion d’un potager.
Pour cette étude, une cohorte de 576 enfants a été constituée dans 17 écoles de Nantes et Angers. Deux groupes équivalents ont été constitués, celui des écoles pilotes qui recevaient le programme Educ’Alim avec 297 enfants et le groupe des écoles témoins qui suivaient le programme classique avec 279 enfants.
Le programme était constitué de 3 séries d’actions :
Deux légumes peu appréciés des enfants ont été choisis pour tester le dispositif : les endives et le chou de Bruxelles. Les restes des plateaux des enfants étaient pesés après chaque repas test. Les plats étaient réalisés avec des recettes précises pour éviter les variations entre les écoles, mais aussi au cours du temps. Car cette mesure a été réalisée 4 fois :
A la fin des 3 années d’expérimentation, les enfants du groupe pilote ont mangé beaucoup plus d’endives et de chou de Bruxelles que les enfants des écoles témoins.
Ci-dessus, la figure montre que la consommation de chou de Bruxelles a été plus de 4 fois supérieure dans les écoles pilotes en bleu que dans les écoles témoins en rouge. Quant à la consommation d’endives, figure ci-dessous, elle a été multipliée par 10 à la fin de l’étude dans les écoles pilotes par rapport aux écoles témoins. Il est à noter que la consommation d'endives n’évolue pas voire diminue dans les écoles témoins.
Une enquête a été réalisée 6 mois après la fin de l’expérimentation auprès des enseignants et des familles des enfants du groupe pilote pour recueillir leur avis sur son impact. Les résultats montrent des évolutions marquantes sur les points suivants :
Plus de 40% des parents déclarent continuer de préparer à la maison les plats que leurs enfants ont appris à cuisiner à l’école.
Cette étude scientifique a été faite avec le soutien de la DRAAF des Pays de la Loire, en collaboration avec le rectorat de Nantes. Ce qui fait que tous les modules des cours qui ont été conçus sont disponibles gratuitement auprès de ces instances.
Dans un film de présentation de l’étude sur le site de la DRAAF, une enseignante explique concrètement comme cet enseignement a été intégré dans les cours. Par exemple, elle nous dit avoir parlé de l’alimentation au Moyen Age ainsi que des banquets républicains du XIXe siècles avec les enfants.
Elle a noté beaucoup d’implication des élèves, qui ont trouvé cet enseignement très concret. A la fin de l’expérimentation, elle a fait sa propre évaluation en interrogeant ses élèves sur leurs dégoûts alimentaires. Ainsi, au début de l’expérimentation, 5 élèves détestaient les lentilles et à la fin de l’expérimentations 4/5 aimaient beaucoup ça !
Ce qui les a fascinés, c’est les ateliers cuisine, parce qu’ils ont découvert qu’ils pouvaient cuisiner des produits qu’ils n’aimaient pas et qu’en définitive, ils trouvaient très bons à la fin.
Mme Porraz, enseignante dans une école pilote
Cette étude montre sans équivoque que l’éducation alimentaire à l’école fonctionne. Une des actions phares de cette expérimentation a été les ateliers de cuisine. Ils permettent aux enfants d’une part d’acquérir des compétences de base en cuisine qui leurs seront utiles plus tard. Mais surtout de dédramatiser la consommation des légumes. Ce ne sont plus des « légumes » qui ont une connotation plutôt négative dans leur esprit car associée à un mauvais goût. Mais ils sont devenus des purées de chou de Bruxelles, des muffins de betteraves, des tartes tatin d’endives, etc. Et cela n’a plus rien à voir ! Car les enfants ont eux-mêmes fait l’expérience de l’effet de la pratique culinaire sur la transformation du goût d’un aliment.
A une période où il devient crucial de manger autrement pour notre santé et celle de la planète, apprendre à nos enfants à cuisiner dès l’école primaire me semble un levier essentiel et qui a fait ses preuves ! De plus, c’est une manière de donner des clefs importantes à tous les enfants quel que soit leur milieu social.
Retrouvez tous les détails de cette étude dans la vidéo du webinaire avec les commentaires de Mohamed Merdji créateur et pilote de l’expérimentation : https://www.youtube.com/watch?v=kAHQ3qfBcRg
Voici un film de présentation du projet où vous retrouverez les commentaires de l’enseignante : https://player.vimeo.com/video/105130596
Lien vers la page du site de la DRAAF des Pays de la Loire présentant Educ’Alim : https://draaf.pays-de-la-loire.agriculture.gouv.fr/le-programme-educ-alim-a717.html
Vous trouverez aussi une synthèse de cette étude, que j’ai réalisée pour l’Institut Danone : https://institutdanone.org/objectif-alimentation/objectif-alimentation-3-septembre-2019/