Le plaisir de manger, un allié de l'éducation alimentaire

Proposer une alimentation saine à un enfant est loin d’être uniquement une question d’aliments !

Les premières expériences alimentaires influencent nos préférences plus tard dans la vie

On sait, aujourd’hui, que l’environnement nutritionnel du bébé pendant les milles premiers jours de sa vie affecte sa santé à long terme. Mais les travaux de Sophie Nicklaus, directrice de recherche à l’Inrae ont montré qu’un grand nombre de préférences alimentaires individuelles se répercutaient tout au long de la vie. Ainsi, pour Sophie Nicklaus, l'éducation alimentaire, c'est à dire la façon dont les parents nourrissent leur jeune enfant est très importante pour déterminer à quel point leur enfant mangera sainement en grandissant.

Le plaisir de manger encourage une alimentation saine chez l'enfant

Il existe plusieurs types de plaisir lié à l'alimentation, mais 2 sont particulièrement important en éducation alimentaire :

  • Le plaisir sensoriel : en dehors de notre goût inné pour les aliments sucrés, nous apprenons ce qu’est le plaisir sensoriel à travers nos expériences alimentaires. Dès la naissance, les bébés peuvent goûter et sentir les saveurs et arômes des aliments. A mesure que le bébé grandit, il apprend à gérer différentes textures. Autour de 2 ans, son développement lui permet d’apprécier tous les aspects de l’alimentation.
  • Le plaisir commensal : au-delà de la nourriture, le contexte du repas est également important. Partager un repas avec ses parents, ses frères et sœurs et des amis va aider un enfant à apprécier des aliments sains. Car il apprend en imitant. Dès l’âge d’un an, les enfants apprennent quels sont les aliments privilégiés dans leur culture, en observant et imitant les gens qui les entourent.  

Ainsi, voir sa famille apprécier des aliments sains dans un environnement agréable incite aussi un enfant à les apprécier. 

Présenter de nouvelles textures le plus tôt possible

Les tout-petits doivent aussi apprendre à apprécier différentes textures dont les aliments en morceaux. De nombreux parents, par peur des fausses routes, retardent l’introduction des morceaux jusqu’à l’âge de 12 mois et plus. Cependant, une étude a montré que les bébés de 8 mois consommant une alimentation plus consistante apprennent à mieux mâcher leur nourriture.

Les pédiatres recommandent d’introduire les morceaux entre 6 et 8 mois selon les enfants. Pour plus d’information sur cette question, vous pouvez vous reporter sur mon article du 19 avril 2023

Ne pas baisser les bras dès la première difficulté

Il est important que les parents n’abandonnent pas l’idée de faire aimer des aliments sains à leur enfant. Si celui-ci refuse de les manger au premier essai, il faut persévérer. C’est en les lui proposant régulièrement que l’enfant en viendra à les accepter et même à les apprécier. Comme pour toute éducation, la répétition est indispensable. Et pour cela, il n’est pas nécessaire d’ajouter des ingrédients aimés par l’enfant. Les recettes simples suffisent pourvu qu’elles soient présentées régulièrement. Mais il faut parfois réaliser jusqu’à dix tentatives pour essayer de faire manger un nouvel aliment à un enfant. Cependant, quelques aromates ou épices peuvent aider à passer certains caps. 

Proposer une alimentation aussi variée que possible

Dès le début de la diversification, proposer des aliments sains différents, est un excellent moyen de faire apprécier des légumes aux enfants. Ainsi, proposer un choix varié à chaque repas est un moyen très efficace de les encourager à manger des légumes.

Plus un enfant teste des aliments différents dès le début de la diversification, plus il en appréciera. Pour apprendre à aimer les aliments sains, il est important que l’enfant apprenne à manger des aliments variés dès le début du sevrage. Pour cela, il faut leur proposer des goûts, des saveurs et des textures différentes. Cela permet à l’enfant de réaliser qu’il peut éprouver du plaisir en mangeant de nombreux aliments différents. 

Laisser gérer les quantités par les enfants

Les surconsommations alimentaires peuvent provenir d’habitudes prises très tôt dans la vie, parfois dès les 6 premiers mois de vie. En effet, en même temps qu’il apprend quels aliments manger, un enfant apprend aussi quelles quantités il doit manger.

La génétique nous a équipé d’un système de régulation inné qui permet aux tout-petits de s’arrêter quand ils ont suffisamment mangé. Si l’on nourrit trop souvent un enfant au-delà de sa faim, il peut perdre cette capacité de régulation. Il peut prendre, ainsi, l’habitude de manger de trop grandes quantités de nourriture par rapport ses besoins. L’enfant ne sait plus quand il doit s’arrêter de manger. Cela peut survenir très tôt, dès le sevrage.

Cette autorégulation a été observé chez des enfants de 6 mois, mais certains ne se contrôlent pas aussi bien de d’autres. Cela peut provenir de la génétique, mais aussi de l'éducation alimentaire parentale. Par exemple, quand les parents ne remarquent pas que leur enfant a assez mangé. Il faut surveiller les signes de faim d’un enfant aussi que les signes de rassasiement pendant les repas.

A chacun ses responsabilités !

Les parents doivent proposer des aliments sains à leurs enfants, mais les enfants sont responsables des quantités consommées. On oublie facilement que les enfants ont un estomac plus petit que celui des adultes, et les parents ont tendance à surestimer les quantités que leurs enfants doivent manger. 

Pour se remettre en tête les bonnes portions avec le repère pratique de la main de l’enfant, voici le lien vers mon article du 9 mai 2023.

L’appétit d’un enfant varie d’un jour à un autre et même d’un repas à un autre. Cela dépend de différents facteurs, dont :

  • la densité énergétique des aliments,
  • l’énergie que l’enfant a dépensé,
  • le moment auquel il a pris son dernier repas.

Certains enfants sont naturellement de petits mangeurs. Mais si cela inquiète ses parents, il est conseillé de consulter un médecin pour vérifier s'il y a un problème ou pas.

La culture des parents joue un rôle important

L’éducation alimentaire c’est aussi apprendre les aspects culturels du repas. L’enfant développe ainsi un sentiment d’appartenance avec ceux qui l’entourent. Ainsi, au moment de la diversification, le tout-petit va découvrir des aliments, mais aussi apprendre des manières de tables différentes en fonction de la culture de ses parents. Par exemple, sa famille va lui apprendre à manger avec des couverts, avec les mains ou bien encore avec des baguettes, etc.

Les professionnels de santé doivent adapter leurs recommandations et pratiques en fonction de la culture des parents et respecter les différences culturelles d’alimentation.

En résumé !

  • Proposer des aliments sains à un enfant dès le début de la diversification et varier le plus possible les aliments proposés.
  • Pour aider les enfants à choisir des aliments sains, ils doivent être beaux et bons au goût ! Un peu de cuisine peut être d’une grande aide.
  • Promouvoir l’idée que les aliments sains sont délicieux. Il faut vanter les goûts et aspects de ces aliments et en manger soi-même. Le meilleur argument est l'exemple ! Raconter ce que l’on sait ou a expérimenté de positif avec tel ou tel aliment.
  • Inclure des aliments sains au menu des fêtes familiales. Cela aide les enfants à les valoriser et les considérer comme un plaisir.
  • Impliquer les enfants dans la préparation des repas les aide à se familiariser avec les aliments sains et à les accepter.
  • Eviter de dire aux enfants qu’ils doivent manger un aliment parce qu’il est bon pour leur santé. En effet, cela peut leur laisser penser que cet aliment a mauvais goût.
  • Quand ils sont plus grands, avoir à disposition et à la portée des enfants des aliments sains. Ainsi, ils peuvent se servir eux-mêmes un encas facile et sain, comme un fruit à la place d’un gâteau.

Manger doit être un moment agréable pour toute la famille. Il faut se détendre et accepter le fait qu’un enfant peut avoir une aversion pour certains aliments. Ce qui est aussi notre cas !


Vous pouvez retrouver la synthèse des travaux de Sophie Nicklaus ainsi que la liste des publications dans la revue Objectif Alimentation que j’ai coordonnée pour l’Institut Danone : https://institutdanone.org/objectif-alimentation/objectif-alimentation-n1-novembre-2018/

Sophie Nicklaus a aussi collaboré avec les autorités de santé pour concevoir un document sur l’alimentation des jeunes enfants de 0 à 3 ans. Vous y retrouverez toutes les informations utiles et des recommandations pratiques : https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie/jeunes-enfants-de-0-a-3-ans-du-lait-a-la-diversification

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