Proposer une alimentation saine à un enfant est loin d’être uniquement une question d’aliments !
On sait, aujourd’hui, que l’environnement nutritionnel du bébé pendant les milles premiers jours de sa vie affecte sa santé à long terme. Mais les travaux de Sophie Nicklaus, directrice de recherche à l’Inrae ont montré qu’un grand nombre de préférences alimentaires individuelles se répercutaient tout au long de la vie. Ainsi, pour Sophie Nicklaus, l'éducation alimentaire, c'est à dire la façon dont les parents nourrissent leur jeune enfant est très importante pour déterminer à quel point leur enfant mangera sainement en grandissant.
Il existe plusieurs types de plaisir lié à l'alimentation, mais 2 sont particulièrement important en éducation alimentaire :
Ainsi, voir sa famille apprécier des aliments sains dans un environnement agréable incite aussi un enfant à les apprécier.
Les tout-petits doivent aussi apprendre à apprécier différentes textures dont les aliments en morceaux. De nombreux parents, par peur des fausses routes, retardent l’introduction des morceaux jusqu’à l’âge de 12 mois et plus. Cependant, une étude a montré que les bébés de 8 mois consommant une alimentation plus consistante apprennent à mieux mâcher leur nourriture.
Les pédiatres recommandent d’introduire les morceaux entre 6 et 8 mois selon les enfants. Pour plus d’information sur cette question, vous pouvez vous reporter sur mon article du 19 avril 2023
Il est important que les parents n’abandonnent pas l’idée de faire aimer des aliments sains à leur enfant. Si celui-ci refuse de les manger au premier essai, il faut persévérer. C’est en les lui proposant régulièrement que l’enfant en viendra à les accepter et même à les apprécier. Comme pour toute éducation, la répétition est indispensable. Et pour cela, il n’est pas nécessaire d’ajouter des ingrédients aimés par l’enfant. Les recettes simples suffisent pourvu qu’elles soient présentées régulièrement. Mais il faut parfois réaliser jusqu’à dix tentatives pour essayer de faire manger un nouvel aliment à un enfant. Cependant, quelques aromates ou épices peuvent aider à passer certains caps.
Dès le début de la diversification, proposer des aliments sains différents, est un excellent moyen de faire apprécier des légumes aux enfants. Ainsi, proposer un choix varié à chaque repas est un moyen très efficace de les encourager à manger des légumes.
Plus un enfant teste des aliments différents dès le début de la diversification, plus il en appréciera. Pour apprendre à aimer les aliments sains, il est important que l’enfant apprenne à manger des aliments variés dès le début du sevrage. Pour cela, il faut leur proposer des goûts, des saveurs et des textures différentes. Cela permet à l’enfant de réaliser qu’il peut éprouver du plaisir en mangeant de nombreux aliments différents.
Les surconsommations alimentaires peuvent provenir d’habitudes prises très tôt dans la vie, parfois dès les 6 premiers mois de vie. En effet, en même temps qu’il apprend quels aliments manger, un enfant apprend aussi quelles quantités il doit manger.
La génétique nous a équipé d’un système de régulation inné qui permet aux tout-petits de s’arrêter quand ils ont suffisamment mangé. Si l’on nourrit trop souvent un enfant au-delà de sa faim, il peut perdre cette capacité de régulation. Il peut prendre, ainsi, l’habitude de manger de trop grandes quantités de nourriture par rapport ses besoins. L’enfant ne sait plus quand il doit s’arrêter de manger. Cela peut survenir très tôt, dès le sevrage.
Cette autorégulation a été observé chez des enfants de 6 mois, mais certains ne se contrôlent pas aussi bien de d’autres. Cela peut provenir de la génétique, mais aussi de l'éducation alimentaire parentale. Par exemple, quand les parents ne remarquent pas que leur enfant a assez mangé. Il faut surveiller les signes de faim d’un enfant aussi que les signes de rassasiement pendant les repas.
Les parents doivent proposer des aliments sains à leurs enfants, mais les enfants sont responsables des quantités consommées. On oublie facilement que les enfants ont un estomac plus petit que celui des adultes, et les parents ont tendance à surestimer les quantités que leurs enfants doivent manger.
Pour se remettre en tête les bonnes portions avec le repère pratique de la main de l’enfant, voici le lien vers mon article du 9 mai 2023.
L’appétit d’un enfant varie d’un jour à un autre et même d’un repas à un autre. Cela dépend de différents facteurs, dont :
Certains enfants sont naturellement de petits mangeurs. Mais si cela inquiète ses parents, il est conseillé de consulter un médecin pour vérifier s'il y a un problème ou pas.
L’éducation alimentaire c’est aussi apprendre les aspects culturels du repas. L’enfant développe ainsi un sentiment d’appartenance avec ceux qui l’entourent. Ainsi, au moment de la diversification, le tout-petit va découvrir des aliments, mais aussi apprendre des manières de tables différentes en fonction de la culture de ses parents. Par exemple, sa famille va lui apprendre à manger avec des couverts, avec les mains ou bien encore avec des baguettes, etc.
Les professionnels de santé doivent adapter leurs recommandations et pratiques en fonction de la culture des parents et respecter les différences culturelles d’alimentation.
Manger doit être un moment agréable pour toute la famille. Il faut se détendre et accepter le fait qu’un enfant peut avoir une aversion pour certains aliments. Ce qui est aussi notre cas !
Vous pouvez retrouver la synthèse des travaux de Sophie Nicklaus ainsi que la liste des publications dans la revue Objectif Alimentation que j’ai coordonnée pour l’Institut Danone : https://institutdanone.org/objectif-alimentation/objectif-alimentation-n1-novembre-2018/
Sophie Nicklaus a aussi collaboré avec les autorités de santé pour concevoir un document sur l’alimentation des jeunes enfants de 0 à 3 ans. Vous y retrouverez toutes les informations utiles et des recommandations pratiques : https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/a-tout-age-et-a-chaque-etape-de-la-vie/jeunes-enfants-de-0-a-3-ans-du-lait-a-la-diversification