L’école a un rôle essentiel à jouer
En France, l’activité physique des enfants et adolescents est nettement insuffisante. De plus, leur niveau de sédentarité ne fait qu’augmenter. En effet, le temps d’écran ne cesse de croître pour atteindre 3 à 4h30 en moyenne par jour. Dans notre pays, les recommandations en activité physique sont loin d’être atteintes chez les enfants. En effet, seuls 51% des garçons et 33% des filles âgés de 6 à 17 les respectent. Cette tendance va même en s’aggravant puisqu’en presque 10 ans, l’atteinte des recommandations est passée de 74% à 70% chez les garçons de 6 à 10 ans et pire de 68% à 58% chez les filles du même âge.
Pour en savoir plus sur les recommandations et le niveau d’activité physique des enfants en France, je vous propose de vous reporter à mon précédent article sur ce sujet.
Comme chez l’adulte, il est clairement établi que l’activité physique a de nombreux bénéfices chez l’enfant. Elle limite les risques de maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète, etc.), mais aussi, améliore :
Nous ne sommes pas tous égaux vis-à-vis de la santé. En effet, de nombreuses inégalités sont d’origine sociale et pourraient être évitées. Ainsi, on observe un gradient social dans l’état de santé des populations. Plus le niveau social est bas et plus mauvaise est la santé. Cette inégalité est très précoce car la position sociale des parents va avoir un impact important sur la santé d’un enfant. Par conséquent, ces inégalités sont particulièrement problématiques dans l’enfance. Car elles apparaissent à une période clef du développement d’un individu. L’absence ou la moindre satisfaction des besoins fondamentaux du développement d’un enfant vont avoir des répercussions sur sa santé à court terme, mais aussi sur celle du futur adulte. Or l’activité physique et la limitation de la sédentarité font partie de ces besoins fondamentaux.
Les inégalités peuvent aussi être territoriales, avec un accès aux infrastructures plus ou moins difficile. De la même manière, des aides peuvent être proposées ou pas aux foyers modestes selon les territoires, etc.
© La condition physique se définit comme « la capacité d’effectuer des tâches quotidiennes avec vigueur et vigilance, sans fatigue excessive, avec une énergie suffisante pour profiter des activités de loisir et répondre aux situations d’urgence imprévues ».
source : ONAPS, Activité physique et sédentarité des enfants : mieux comprendre pour mieux agir
La condition physique regroupe à la fois l’endurance cardiorespiratoire, l’endurance et la force musculaires, la souplesse, l’équilibre, la vitesse, l’agilité, la coordination et la composition corporelle. Les effets positifs de la pratique d’une activité physique chez les enfants ne sont plus à prouver. Il faut maintenant, trouver comment la favoriser.
Même si le rôle des parents est fondamental, l’école et l’environnement périscolaire sont des endroits privilégiés pour changer les comportements des enfants. En effet, l’école accueille l’ensemble des enfants dès le plus jeune âge,notamment ceux des foyers les plus modestes qui ont moins d’opportunités de pratiques d’activité physique en dehors de l’école.
Les habitudes de mobilité et d’activité acquises dès la petite enfance et l’entrée à l’école sont un réel enjeu pour devenir un adulte actif.
Icaps c’est le nom de code d’une étude en vie réelle qui s’est déroulée durant 4 ans de 2002 à 2006 dans des collèges de la région de Strasbourg. Les collèges action bénéficiaient du programme Icaps contrairement aux collèges témoins. Au total, plus de 1000 enfants ont été suivis durant ces 4 années.
Une approche globale, socio-écologique a été choisie en intégrant plusieurs niveaux et types d’actions :
79% des enfants des collèges action contre 47% des collèges témoins avaient une activité physique de loisirs encadrée (figure de gauche). Cette augmentation de l’activité a eu un impact sur la composition corporelle des enfants, puisqu’il y avait 50% de surpoids en moins dans les collèges pilotes (figure de droite).
Les scientifiques ont observé aussi une augmentation de l’estime de soi et de la confiance des enfants dans leur capacité à faire de l’activité physique. Or ce critère est un paramètre prédictif du maintien d’une activité physique sur le long terme. Cette expérimentation a même eu un effet sur l’entourage des enfants, puisque 26% des mères des enfants des collèges action faisaient de l’activité physique contre 16% pour les collèges témoins.
Enfin, 2 ans après l’arrêt de l’expérimentation, les enfants des collèges actions faisaient toujours 30 min d’activité physique en plus par semaine et ils passaient par jour, 30 min en moins devant la télévision. Les smartphones et réseaux sociaux n’existaient pas encore !
Même si l’étude Icaps a plus de 20 ans, ce n’est que récemment que les politiques publiques se sont penchés sur l’activité physique à l’école. Jusqu’à présent, le seul rôle de l’école était l’activité physique dispensé durant les cours d’éducation physique et sportive. Mais cela ne suffit pas, loin de là !
Il faut aider les enfants et leur famille à organiser du temps d’activité physique pour les enfants en dehors du temps scolaire. C’est là que le temps périscolaire joue un rôle très important. Car proposer des activités physiques aux enfants durant ce temps permet à tous les enfants de bouger plus. Y compris les enfants issus des classes moins favorisées qui ont beaucoup plus de mal à faire de l’activité physique en dehors de l’école. Et ce pour de multiples raisons :
Ainsi, ce que la santé publique définit comme facteurs propres à l’individu, la sociologie nous montre à quel point ces facteurs « individuels » sont en réalité́ liés aux caractéristiques socio- démographiques des familles des enfants, préexistants leur naissance. Comme le montre les études, le sexe, la position sociale, mais également l’âge influencent largement l’attitude que les enfants adopteront face à l’activité physique ou sportive.
Or, chaque pas compte ! Même si on est loin des recommandations, même si cette activité est de faible d’intensité, comme marcher tout simplement, tout ce qui nous fait bouger et être moins sédentaire est important.
Sources